Les films japonais qu'il faut avoir vus dans sa vie

Détails: Catégorie : Les films; Publié le vendredi 9 mai 2025 14:49; Écrit par nicocjw; Affichages : 143

Le cinéma japonais est l'un des plus riches et influents au monde. Il a produit des chefs-d'œuvre intemporels, profondément enracinés dans la culture nipponne mais capables de toucher un public universel. Entre épopées historiques, drames intimistes et chef-d'œuvres d'animation, voici une sélection de dix films incontournables. Dix œuvres qu'il faut avoir vues au moins une fois dans sa vie pour comprendre la puissance, la poésie et l'originalité du septième art japonais.

Les Sept Samouraïs (1954) – Akira Kurosawa

S'il ne fallait commencer que par un seul film japonais, ce serait celui-ci. Réalisé par Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs est à la fois une fresque héroïque, un drame humain et une leçon de mise en scène. L'histoire suit un village paysan terrorisé par des brigands, qui engage sept samouraïs pour le défendre. Ce récit d'une simplicité apparente devient sous la caméra de Kurosawa une œuvre d'une richesse incroyable. Chaque samouraï a sa personnalité, son arc dramatique, et l'ensemble forme un portrait collectif d'une profondeur rare. Le film est aussi célèbre pour ses scènes d'action novatrices, notamment l'usage du ralenti et du montage parallèle, devenues des références dans le cinéma mondial. Toshiro Mifune, dans le rôle du samouraï excentrique Kikuchiyo, livre une performance sauvage et inoubliable. Ce film a été un immense succès au Japon, mais aussi l'un des premiers à faire entrer le cinéma nippon dans les salles occidentales.

Voyage à Tokyo (1953) – Yasujirō Ozu

À l'opposé de l'énergie dramatique de Kurosawa, Ozu propose un cinéma de la retenue, de l'observation du quotidien. Dans Voyage à Tokyo, il raconte l'histoire d'un couple de personnes âgées qui rendent visite à leurs enfants devenus adultes, dans un Tokyo moderne et frénétique. Les parents se heurtent à l'indifférence de leurs enfants absorbés par leurs vies. Il ne se passe presque rien, et pourtant tout est dit sur les liens familiaux, le passage du temps, l'évolution des valeurs. Ce film est souvent cité comme l'un des plus grands jamais réalisés, notamment par des cinéastes comme Wim Wenders ou Abbas Kiarostami. Sa mise en scène rigoureuse, presque méditative, et son humanité bouleversante en font une expérience unique.

Princesse Mononoké (1997) – Hayao Miyazaki

Hayao Miyazaki est sans doute l'ambassadeur le plus populaire du cinéma japonais contemporain. Princesse Mononoké marque un tournant dans sa carrière. Plus sombre et plus adulte que ses œuvres précédentes, ce conte écologique se déroule dans un Japon médiéval mythifié, où la nature et l'industrie s'affrontent sans manichéisme. L'héroïne, San, élevée par les loups, incarne une nature farouche et indomptable, tandis que Dame Eboshi, chef humaine éclairée mais destructrice, symbolise le progrès. Le film est porté par une animation sublime, des thèmes profonds et une musique envoûtante de Joe Hisaishi. À sa sortie, il devient le plus gros succès du cinéma japonais, dépassant tous les records avant d'être lui-même détrôné par le film suivant de Miyazaki.

Le Voyage de Chihiro (2001) – Hayao Miyazaki

Avec Le Voyage de Chihiro, Miyazaki signe non seulement son plus grand film, mais aussi l'un des plus beaux contes du cinéma mondial. Chihiro, une fillette perdue dans un monde d'esprits et de dieux oubliés, doit retrouver ses parents transformés en cochons. Ce récit initiatique, inspiré du folklore japonais et des mythes occidentaux, est d'une richesse symbolique et esthétique rare. Chaque scène est une fresque animée où le bizarre côtoie le sublime. Le film a remporté l'Oscar du Meilleur Film d'Animation en 2003, une première pour une œuvre non anglo-saxonne. Il a aussi battu tous les records au box-office japonais, avec plus de 23 millions d'entrées, et demeure aujourd'hui une référence culturelle majeure.

Rashōmon (1950) – Akira Kurosawa

Avec Rashōmon, Kurosawa ne se contente pas de raconter une histoire. Il interroge la notion même de vérité. Un crime, quatre témoignages, quatre versions contradictoires. Ce jeu de perspectives, révolutionnaire pour l'époque, a profondément influencé le cinéma mondial. Le film révèle aussi une esthétique puissante : plans de forêt en clair-obscur, regards en champ contrechamp, expressions intenses. Rashōmon a remporté le Lion d'Or à Venise, propulsant le cinéma japonais sur la scène internationale. Il marque aussi le début de la collaboration mythique entre Kurosawa et Toshiro Mifune.

L'Empire des Sens (1976) – Nagisa Ōshima

Adapté d'un fait divers réel survenu dans le Japon des années 1930, L'Empire des Sens est un film scandaleux à sa sortie, mais d'une intensité rare. Nagisa Ōshima y raconte la passion charnelle et destructrice entre une ancienne geisha et un homme marié. Le film est tourné avec des scènes de sexe explicites, ce qui entraîne sa censure au Japon. Ōshima contourne alors l'interdiction en coproduisant avec la France. Derrière l'érotisme, le film est une réflexion sur l'obsession, la liberté, et le rapport au corps. Il reste à ce jour une œuvre controversée mais essentielle dans l'histoire du cinéma.

Hara-Kiri (1962) – Masaki Kobayashi

Dans ce drame implacable, un ancien samouraï sans maître se rend dans un château pour se faire seppuku, le suicide rituel. Mais il ne vient pas sans intention. Hara-Kiri est une attaque frontale contre le dogme de l'honneur et de la hiérarchie féodale. Le film se déroule lentement, dans une tension croissante, jusqu'à une scène finale d'une brutalité stylisée. Masaki Kobayashi signe ici un chef-d'œuvre d'intelligence et de mise en scène, dénonçant les hypocrisies du système tout en restant profondément japonais dans sa forme.

Sonatine (1993) – Takeshi Kitano

Avant d'être cinéaste, Takeshi Kitano était un comique télévisuel. Sonatine révèle une autre facette de son talent : un cinéma minimaliste, froid, poétique. Le film suit un yakuza envoyé à Okinawa pour résoudre un conflit. Sur place, il sombre peu à peu dans un vide existentiel, entre jeux absurdes et fusillades éclairs. Kitano joue lui-même le rôle principal, impassible et fascinant. Ce film est devenu culte à l'étranger, notamment en France où il a été salué par les Cahiers du cinéma. Il pose les bases du style Kitano, entre contemplation et violence.

Battle Royale (2000) – Kinji Fukasaku

Longtemps interdit ou censuré, Battle Royale est devenu une œuvre culte. Dans un futur proche, des collégiens sont envoyés sur une île pour s'entretuer, dans le cadre d'un programme gouvernemental. Le film est une satire brutale de la société japonaise, de la compétition scolaire, de l'ultra-conformisme. Kinji Fukasaku, vétéran du cinéma de genre, signe une mise en scène nerveuse et dérangeante. Takeshi Kitano y joue un professeur glaçant. Ce film a eu une influence majeure, notamment sur Hunger Games, qui reprend son concept de manière édulcorée.

Departures (2008) – Yōjirō Takita

Moins connu à l'étranger que les grands maîtres, Departures est un film d'une émotion rare. Il raconte l'histoire d'un violoncelliste au chômage qui devient préparateur de corps pour les funérailles, un métier mal vu au Japon. Cette plongée dans un univers tabou est traitée avec une tendresse et une pudeur remarquables. Le film a remporté l'Oscar du Meilleur Film Étranger en 2009, redonnant une visibilité internationale au cinéma japonais dramatique. Il a aussi touché un large public au Japon, attirant plus de six millions de spectateurs.

À travers ces dix films, c'est tout un pan de la culture japonaise qui se dévoile. De l'esthétique rigoureuse d'Ozu à la démesure visionnaire de Miyazaki, de la violence stylisée de Kitano aux drames introspectifs comme Departures, chacun de ces chefs-d'œuvre est une porte d'entrée vers un univers singulier. Les voir, c'est non seulement enrichir sa culture cinématographique, mais aussi plonger dans l'âme d'un pays qui n'a cessé de réinventer le langage du cinéma.