11 - L'époque d'Edo (1603-1868)

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L'époque d'Edo (江戸時代, Edo jidai) ou période Tokugawa (徳川時代, Tokugawa jidai) est la subdivision traditionnelle de l'histoire du Japon qui commence vers 1600, avec la prise de pouvoir de Ieyasu Tokugawa lors de la bataille de Sekigahara, et se termine vers 1868 avec la restauration Meiji. Elle est dominée par le shogunat Tokugawa dont Edo (ancien nom de Tōkyō) est la capitale.

 

Histoire

Le shogunat contrôle le pouvoir politique, administratif et plus tard économique. Il existe aussi un empereur mais celui-ci ne possède que des fonctions spirituelles de grand prêtre et est le symbole du « génie national ». Après les nombreuses guerres féodales qui avaient eu lieu auparavant, les Tokugawa cherchent à réorganiser l'État et garantir la paix dans le pays. Pour cela, ils mettent au point un système encore très hiérarchisé et rigide grâce auquel ils peuvent contrôler totalement le pays. Ainsi, ce dernier est divisé en fiefs gouvernés par des seigneurs, les daimyos, eux-mêmes sous l'autorité du shogun. Ceux qui avaient prêté allégeance aux Tokugawa avant 1600 s'appellent les « daimyos de l'intérieur » et ceux qui l'avaient fait après s'appellent les « daimyos de l'extérieur ». Cependant, pour pouvoir maintenir ceux-ci sous son autorité, le shogun met en place un système de résidences alternées, le sankin-kotai, dans lequel les daimyos doivent résider à Edo, résidence shogunale, et ceci une année sur deux. De plus, les daimyos doivent laisser leur famille à Edo en guise d'otages.

Cette époque se caractérise notamment par une fermeture du pays sur lui-même, appelée sakoku. Le Japon ne conserve que quelques liens diplomatiques avec la Corée et seules la Chine et les Provinces-Unies ont le privilège d'entretenir des relations commerciales avec lui. Les Européens ne sont pas admis sur le sol japonais, au risque de la peine de mort. Cependant, ces derniers cherchent tout de même à entretenir des relations commerciales avec le pays. Cette pression fait même apparaître et renforcer un courant nationaliste dans tout le Japon. Ce n'est qu'en 1854 que le commodore américain Matthew Perry accompagné de navires de guerres réussit à « convaincre » le bakufu. Ce dernier, effrayé à la perspective d'entrer en guerre en cas de refus (comme ce fut le cas pour le voisin chinois avec les guerres de l'opium) signe à contre cœur la convention de Kanagawa. Celle-ci laisse ouverts les ports de Shimoda et Hakodate aux Américains. Il en sera de même un peu plus tard pour la Russie, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France. Une première division s'effectue alors entre les partisans de l'ouverture et les xénophobes. En 1858, la noblesse plutôt xénophobe reproche au shogun d'avoir cédé à la peur des étrangers et de ne pas avoir demandé l'autorisation de l'empereur. Cette scission marquera le début de la chute du bakufu.

Ainsi se prépare un affrontement entre les daimyos héréditairement créés par les Tokugawa au XVIIe siècle et les daimyos de l'ouest qui se rangent du côté de l'empereur et s'opposent ainsi aux étrangers et au shogun. Les fiefs les plus puissants de ces derniers sont Chōshū et Satsuma. Ceux-ci sont entraînés dans la rébellion contre le bakufu : des batailles s'engagent vers 1866 mais les armées shogunales ne parviennent pas à pénétrer le territoire de Chōshū. Des alliances se dessinent alors entre Chōshū, Satsuma et Tosa dont les chefs préparent un coup d'État. Ainsi, le 3 janvier 1868, en présence de bushis, est proclamé à Kyōto « le retour à l'ancienne monarchie » et la fin du bakufu.

L'époque d'Edo prend donc fin en 1868 avec la restauration du pouvoir impérial par l'empereur Mutsuhito et l'abdication du quinzième et dernier shogun, Yoshinobu Tokugawa.

 

 

Chronologie

1600 : Bataille de Sekigahara
1603 : Avènement de Ieyasu Tokugawa comme shogun et établissement du shogounat de Edo (江戸幕府, Edo bakufu?)
1603 : Fondation du théâtre kabuki par la prêtresse shinto Okuni
1609 : Ouverture du port de Hirado aux Hollandais
1612 : Interdiction par Ieyasu Tokugawa de la religion chrétienne
1613 : Premier comptoir commercial anglais à Hirado
1614 : Intensification par Ieyasu Tokugawa des persécutions contre les chrétiens. Siège d'hiver d'Ōsaka
1615 : Siège d'été d'Ōsaka. Dynastie Toyotomi anéantie par Ieyasu Tokugawa après la prise du château d'Ōsaka. Promulgation des lois sur les maisons militaires (buke shohatto) et des lois régissant la Cour impériale et la noblesse
1616 : Mort d'Ieyasu, remplacé dans les fonctions de shogun par son fils, Hidetada Tokugawa. Le commerce avec les Européens est limité à Nagasaki et Hirado
1622 : Hidetada ordonne l'exécution de 55 chrétiens missionnaires et convertis à Nagasaki
1623 : Abandon par les Britanniques de leur comptoir d'Hirado
1632 : Mort d'Hidetada. Son fils Iemitsu, nommé Shogun depuis 1623, assume désormais les pleins pouvoirs
1635 : Les shoguns Tokugawa adoptent le titre de taikun. Interdiction pour les Japonais de voyager à l'étranger. Établissement du système du sankin-kotai (séjours réguliers des daimyō à Edo). Révision majeure des lois sur les maisons militaires
1636 : Les Portugais sont déplacés de Nagasaki vers l'île de Dejima
1639 : Expulsion des Portugais de Dejima. Les Hollandais sont les seuls Européens autorisés à pénétrer au Japon
1640 : Exécution d'envoyés portugais venus pour négocier de nouveaux accords commerciaux
1641-1642 : Période de famine
1657 : Grand incendie d'Edo causant la mort de plus de 100 000 personnes
1688 : Début de la période dite Genroku (1688-1704), l'âge d'or du kabuki, du jōruri (théâtre de poupées) et de la peinture d'ukiyo-e
1692 : Grand incendie de Kyōto
1703 : Tremblement de terre du Kanto 150 000 morts. Incident des 47 rōnins
1707 : Éruption du mont Fuji
1720 : Autorisation d'importer des ouvrages occidentaux sans rapport avec le christianisme
1782 : Grande famine du Temmei qui dura près de 5 ans : 200 000 à 900 000 morts
1792 : Échec des Russes dans une tentative d'établir des relations commerciales avec le Japon
1854 : Ouverture forcée des ports au commerce avec l'étranger par le commodore Matthew Perry
1855 : 10 000 morts suite à un séisme survenu le 11 novembre à Tōkyō
1858 : Début de la chute du bakufu
1860 : Naissance du Japonisme en France inspiré des ukiyo-e en provenance du Japon
1868 : Coup d'État commandité par les fiefs de Chōshū et Satsuma le 3 janvier et abolition du shogunat

Théâtre

C'est à cette période qu'est créé le théâtre kabuki dans la région de Kyōto par la dame Okuni. En 1605, elle monte avec plusieurs femmes une troupe de danse grotesque qui connaît un franc succès. En 1629, les femmes sont interdites dans les représentations théâtrales car cela est considéré comme un facteur de prostitution important. Les rôles féminins sont donc tenus un temps par des éphèbes mais, en 1649, les adolescents sont proscrits pour la même raison. Des hommes prennent alors la place des femmes, créant la nouvelle profession d'onna gata. En 1660, les enfants seront aussi interdits, toujours pour cause de prostitution.